Jour de L’an à Séfar, Tassili N’Ajjer

Grenoble Amitié Nature - Club de montagne omnisports

Jour de L’an à Séfar, Tassili N’Ajjer

Pour ce réveillon du jour de l’an 2025 on a décidé de tester un trek de 6 jours dans le désert du Tassili, ouvert à tous les animateurs. C’est ainsi que 7 animateurs sont venus explorer le Tassili N’Ajjer et le Tadrart. Nous sommes partis un 26 décembre au matin d’abord pour Oran puis pour Djanet où nous sommes arrivés à 02h00 du matin. Après une très courte nuit à l’hôtel, lever 7h pour monter sur le plateau du Tassili.

Le Tassili N’Ajjer est un plateau de grès à 1600-1700 M d’altitude en moyenne qui domine la plaine par 700 ou 800 M de falaise. Le plateau est très difficile d’accès, les véhicules ne peuvent pas monter ni même les chameaux ; il faut recourir aux ânes, et encore, en aménageant un sentier pour eux. Ce plateau est célèbre pour ses formations de grès spectaculaires mais aussi par le fait qu’ont été découverts, au début du 20e siècle, une profusion de dessins très anciens âgés entre 2 000 et 10 000 ans. Ces dessins représentent d’abord des personnages dits têtes rondes accompagnés de girafes, éléphants, rhinocéros puis une longue période où sont essentiellement représentés des vaches et des personnages pour finir par des représentations de chameaux aux premiers siècles de notre ère. C’est le plus grand musée d’art préhistorique à ciel ouvert au monde, couvrant une période extrêmement longue de 8000 ans soit beaucoup plus que ce qui nous sépare les premiers égyptiens. Ces dessins sont émouvants car ils montrent d’un côté l’assèchement progressif du massif et d’autre part ils sont plein de grâce et d’élégance ; nos lointains ancêtres étaient des artistes.

Cliquer sur les photos pour les agrandir.

Séfar est dans le Tassili N’Ajjer, au coin en bas à droite de l’Algérie, près de la frontière de la Lybie.
Notre itinéraire. Environ 15 km de marche par jour pendant 6 jours.

Jour 1. 16km, +740m.

Nous sommes 7 personnes, et pour 6 jours en autonomie totale nous avons 13 ânes, 4 muletiers, un cuisinier, 2 aides cuisiniers et un guide Touareg ; soit 8 personnes et 13 ânes pour nous accompagner, on n’en a pas trop l’habitude !
De Djanet, il ne faut qu’une demi heure de 4×4 pour arriver au pied du plateau. Les ânes sont chargés et nous commençons la longue ascension du plateau en circulant de canyon en canyon, sur des replats et dans de grands pierriers. 700 M de dénivelé plus haut nous abordons enfin le plateau lisse et plat parsemé de cailloux que nous devons traverser longuement jusqu’à arriver à un site extraordinaire : Tamrit. Tamrit est le début d’une zone où des tours de grès se détachent au dessus du plateau. Le bivouac est au pied de grandes lames de grès c’est impressionnant et très beau. Pendant que le cuisinier prépare le repas, les ânes sont débâtés et nous explorons les alentours. Le repas est sur le sable, recouvert d’un tapis, mais Samir notre cuisinier, que nous connaissons depuis longtemps, nous a préparé un repas digne d’un 3 étoiles pour ce premier bivouac avec fromage dans une feuille de brick frite, brochette au feu de bois etc …. Après ce repas gastronomique, nous ne nous attardons pas car le soleil est parti et le froid tombe. Il fait franchement froid sur ce plateau en altitude (1650m). Nous allons nous coucher de bonne heure et certains auront assez froid durant la nuit car la température n’est pas très loin de 0.

Au bout de la piste, au pied du plateau.
Premier plateau.
Les ânes nous rejoignent.

Traversée du plateau.

Arrivée au site de Tamrit.

Le camp, sur le site de Tamrit.

Jour 2. 16km.

Le matin, lever à 06h45 pour regarder le soleil se lever, faire des photos en se promenant ; la lumière est magique et l’ambiance tout à fait extraordinaire. Pendant ce temps Samir prépare le petit déjeuner que nous prenons au soleil à 7h30. Malgré la nuit froide le temps et le moral sont au beau fixe.

Le trek sur Séfar dure traditionnellement 5 jours mais j’ai demandé 6 jours ce qui nous permet, ce matin du 2e jour, de faire une belle boucle pour revenir à Tamrit à midi en découvrant des peintures, de beaux paysages, des canyons et les derniers cyprès du Tassili. Ces arbres majestueux couvraient le plateau il y a 10 000 ans mais la sécheresse les a peu à peu fait disparaître. Il n’en reste plus qu’une centaine qui survivent mais sont également appelés à disparaître. L’après midi est magique avec une marche dans un dédale de tours verticales qui émergent du plateau plat et lisse, impressionnant et spectaculaire.

Le cyprès du Tassili. L’un des derniers exemplaires.

Belle boucle, au départ de Tamrit, pour voir des gravures, des beaux sites, un canyon et les cyprès.
Puis départ pour notre second bivouac.

Incroyable forêt de tours de grès.
On déambule dans ce dédale incroyable, médusés par tant de beauté..

Jour 3. 14km.

Nous faisons notre 2e bivouac à la sortie de ce massif, très beau bivouac également. La nuit sera toujours aussi froide mais chacun s’est habillé en conséquence et personne n’a souffert du froid.

Le troisième jour commence par une longue traversée du désert, c’est le cas de le dire, car il faut traverser le plateau qui, à cet endroit, est lisse et sans relief, parcouru par un vent froid ; on devine au loin la frontière de la Libye. Vers midi nous arrivons enfin au but de notre trek : Séfar.

« Séfar est la plus grande ville troglodyte du monde, avec plusieurs milliers d’habitants. Séfar est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1982. Selon l’UNESCO, le site abrite l’un des plus importants ensembles d’art rupestre préhistorique du monde. Plus de 15 000 dessins et gravures permettent d’y suivre, depuis environ -8000 jusqu’aux premiers siècles de notre ère, les changements du climat, les migrations de la faune et l’évolution de la vie humaine aux confins du Sahara . » [Wikipedia]

En pratique c’est un dédale de tours de grès coupé par des grandes allées à 90° avec de nombreux dessins aux pieds des tours. On y trouve des dessins de toutes les époques ce qui laisse entendre que cette cité est restée active pendant de nombreux millénaires. On est impressionné et songeur devant cette vie passée, devant ces hommes qui ont vécu là, d’abord dans un environnement de savane humide puis de savane sèche et qui n’ont quitté les lieux que lorsque la sécheresse a rendu la vie impossible. Nous passons l’après-midi à visiter cette cité.

Séfar vue du haut. Une ville de pierre.
Une des peintures les plus connue. Le sorcier.

Jour 4. 16km.

Le matin du 4e jour nous faisons une boucle dans un massif voisin de Séfar, le Tin Tezaref. C’est un massif spectaculaire de tours et d’arches avec également de nombreux beaux dessins. Alain et aux anges et ne sait plus où donner de la tête pour photographier toutes les arches que nous rencontrons. Cette boucle de 10 km nous ramène à Séfar pour le déjeuner puis nous repartons et traversons une nouvelle fois le plateau avant de rencontrer un autre massif garni de tours magnifiques (Tin Touami?) où faisons notre 4e bivouac. C’est probablement le plus beau bivouac de la semaine car peu fréquenté, en dehors des circuits, donc propres avec de très belles formations de grès. La lumière du matin, au lever du soleil, fournit un spectacle inoubliable, avant d’attaquer un retour assez long qui nous permet de traverser une nouvelle fois le plateau pour déjeuner à Tamrit, notre premier bivouac, puis l’après-midi de traverser le premier plateau pour arriver en haut de la descente.

Bateau ?

Arrivée à notre 4eme bivouac.

Jour 5. 16km

La lumière du matin, au lever du soleil, fournit un spectacle inoubliable, avant d’attaquer un retour assez long qui nous permet de traverser une nouvelle fois le plateau pour déjeuner à Tamrit, notre premier bivouac, puis l’après-midi de traverser le premier plateau pour arriver en haut de la descente.

Au matin. Arrivée du soleil. Les nomades déjeunent.
On quitte notre beau bivouac.

Traversée du plateau et arrivée à notre dernier bivouac ; le temps est au vent, il fait froid et de nombreux nuages traversent le ciel. Heureusement le bivouac est bien abrité mais tout de même…

Et c’est la soirée du « réveillon ». On fait ce que l’on peut pour réchauffer l’atmosphère … C’est la nuit du 31 décembre au 1er Janvier. Chantal sauve la soirée en nous faisant chanter quelques chansons du répertoire, et les Touareg font de même avec leur répertoire, un bidon d’eau pour grosse caisse. La qualité laisse à désirer, d’un coté comme de l’autre, mais les fou rires s’enchaînent. Avec nos moyens limités on aura tout de même fêté le nouvel an … sauf que tout le monde rejoint son duvet vers 21h30 !

Réveillon sous les étoiles. Chansons et fous rires.

Le premier Janvier nous offre une surprise : il pleut ! Quelques gouttes seulement, mais cela surprend tout de même. Ce ne sera pas suffisant pour mouiller le sol ! Nous effectuons la descente tranquillement, dans les gros pierriers, mais sans problème. Nous sommes à midi en bas, déjeuner, retour à Djanet, douche bienvenue, et découverte de Djanet et de son marché.

Nous distribuons les pourboires et faisons la photo de toute l’équipe. Il fait froid avec quelques goutes.

Les protagonistes

Ce furent six jours en autonomie, solitude et paysages grandioses. Plus qu’un voyage, c’est une bulle de fraternité qui s’est déplacé à la fois dans le temps et dans l’espace, dans ce qui devrait être un néant mais qui est habité par une épaisseur humaine millénaire, dans une géologie tourmentée et improbable qui a fourni des abris à des générations d’humains et qui émerveille encore les montagnards que nous sommes. Une aventure que nous ne sommes pas près d’oublier.

Jacky.
Avec les photos de toute l’équipe.

Les gpx (attention, nous n’avons pas fait le trek « standard » à Séfar)

Coût :
Avion 550€, Trek 70€/Personne/Jour
Agence Sable d’Or. WhattsApp : +213 698 55 56 66
sable.travel66@gmail.com Salim Bouaka