L’Obiou par l’arête du Rattier

Grenoble Amitié Nature - Club de montagne omnisports

L’Obiou par l’arête du Rattier

Cette course est la dernière du trek « le Dévoluy par l’extérieur en 7 jours » proposé par Pierre (voir https://www.gan-montagne.fr/le-devoluy-par-lexterieur-en-7-jours/).

Itinéraire

Cette dernière étape est le clou de ce trek, nous avons un gros dénivelé de 1900 m, des difficultés techniques et la météo nous promet une journée très chaude. Pour cette raison nous décidons de partir de bon matin. A 5h pile nous attaquons, à la frontale, le sentier des hirondelles. Pierre, pensant que l’on ne s’en rendrait pas compte, démarre sur un train d’enfer. De fait 1 heure plus tard nous avons gravi les 600 premiers mètres de dénivelé et nous pouvons baisser un peu le rythme. Nous sommes dans les prairies au-dessus de la barre des hirondelles et bizarrement le sentier fait une longue traversée horizontale vers la droite pour revenir par une longue traversée vers la gauche pour seulement gagner 100 m de dénivelé, alors qu’il n’y a qu’un bel alpage sans difficulté. Nous coupons et atteignons le col de l’Aiguille, où nous rencontrons le soleil, qui illumine la face Est de l’arête de Rattier, et un petit souffle d’air fort agréable. Notre stratégie de partir tôt semble porter ses fruits.

Avant même d’arriver au col, l’arête de Rattier se découpe soleil/ombre.
Arrivée au col de l’Aiguille au lever du soleil.

Nous remontons ensuite l’arête du Rattier en profitant de cette ambiance exceptionnelle : une belle arête sans trop de difficultés mais très aérienne éclairée d’un côté par le soleil matinal côté Gap et de l’autre côté tout le versant Trièves et le Vercors en toile de fond. Nous montons régulièrement cette arête pour nous retrouver au sommet du Rattier à 8h où nous faisons une bonne pause en admirant le paysage, le jour qui se lève et l’ambiance étonnante de ce lieu, au pied des faces nord de l’Obiou.

Le début de l’arête est débonnaire.
On voit bien l’Obiou au fond.
L’arête présente peu de difficultés.
Arrivée au sommet du Rattier. Il est 8h.

Effectivement, vu de face, la suite de l’arête n’a pas l’air commode. Il nous faut d’abord descendre une bonne centaine de mètres de dénivelé pour atteindre le col du Rattier et de là nous remontons l’arête au début facile. Il nous faudra toutefois descendre brièvement en face Est pour éviter une faille et reprendre l’arête qui devient plus raide. Il faut poursuivre jusqu’à une deuxième faille que l’on contourne par la droite pour ensuite remonter au jugé dans la face ouest jusqu’à rejoindre une nouvelle fois l’arête.

La suite est moins facile.

C’est typiquement de l’itinéraire dévoluard, à savoir une multitude de prises en général plates et faciles, espacées de quelques dizaines de centimètres ce qui constitue quasiment un escalier raide certes, mais sans difficulté. La difficulté est que c’est très raide, que le rocher est pourri et que la face est encombrée de cailloux et d’éboulis. Il faut parfois nettoyer la prise avant d’y poser le pied. Cela demande de la concentration, de la précaution mais ne présente pas de réelles difficultés à condition de ne pas tenir compte du vide qui est sous nos pas. Effectivement l’itinéraire est engagé mais sans grande difficulté. Nous remontons cette arête dans une ambiance extraordinaire, les faces nord de l’Obiou à gauche et le Trièves à droite, en face l’arête, bien rectiligne, qui semble se redresser devant nous. La fin de l’arête est un peu moins raide il suffit de progresser précautionneusement comme toujours mais sans difficulté.

Nous voici au sommet du Bonnet de l’Evêque, il est encore tôt et l’équipe est heureuse, euphorique même, surprise d’avoir gravi cette difficulté avec autant de facilité. Nous admirons le paysage et on se relâche un peu avant d’attaquer la fin de l’itinéraire. Nous parcourons la crête qui va vers l’Obiou ; c’est une arête large, facile et agréable, légèrement descendante. Ensuite, cette arête devient de plus en plus étroite pour ne mesurer que 50 à 60 cm de large avec, d’un côté, 600 m de vide de l’autre seulement 400m. On marche sur une pile d’assiettes qui ne demandent qu’à descendre ! Autant dire que la difficulté est nulle mais qu’il faut avoir le cœur bien accroché, âme sensible s’abstenir dirait Sombardier. Certaines (je ne cite personne) sont limite de la parcourir à 4 pattes tellement elles sont impressionnées.

Sur le Bonnet de l’Evêque.

Le passage clé, le Malpassé, est tout simplement en ressaut de 2,50 m de haut, difficulté 3a, mais une exposition extrême. Aucune difficulté en pratique. La suite consiste à remonter cette arête toujours aussi fine et aérienne sans se laisser impressionner par le vide des 2 côtés, puis l’arête s’élargit devient très facile et nous mène rapidement à la voie normale de l’Obiou. Nous remontons tranquillement la voie normale pour nous retrouver au sommet à 10h du matin, surpris, en admirant l’arête que nous venons de remonter, qu’un itinéraire aussi impressionnant soit en réalité aussi facile.

Au sommet de l’Obiou.

Nous bavardons avec les quelques personnes présentes au sommet, on casse la croûte et on attaque la descente pour retrouver Juliette, Brigitte et Florence qui sont montées de leur coté et nous attendent dans la grotte sous le petit Obiou. On apprécie la fraîcheur de cette grotte qui abrite, au fond, un mur de glace permanente. La fin de l’itinéraire c’est la voie normale, itinéraire un peu long mais sans difficulté qui nous ramène au fourgon. Nous descendons à Pellafol chez Pierre et Florence, nous prenons un bain revigorant dans le bassin de la fontaine car la chaleur est revenue. Pierre offre des boissons, sourires et bonne humeur, ce trek est une vraie réussite.

Une course exceptionnelle par sa continuité, son itinéraire sans concession, son côté aérien, engagé parfois sans jamais être difficile. C’est l’un des plus beau itinéraire montagne et vertige, vertigineux à souhait mais accessible à tous ceux qui ont le cœur bien accroché.

Les participants. Par l’arête : Frédérique, Xavier, Pierre et Jacky, par la voie normale : Florence, Juliette et Brigitte.

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