Moulin-Marquis

Grenoble Amitié Nature - Club de montagne omnisports

Moulin-Marquis

C’est une sortie peu banale qui était organisée ce samedi 4 Juin : la cascade de Moulin-Marquis au sec (d’après Sombardier). En effet il ne s’agit pas d’escalade ni de canyoning ni de spéléo ni de randonnée ni de randonnée du vertige mais tout cela mélangé. En effet le début de la sortie consiste à remonter un couloir raide équipé de câbles et d’échelles tout à fait typique d’une randonnée du vertige. Mais c’est ensuite que les choses deviennent plus compliquées. La cascade de Moulin-Marquis est bien connue des canyoneurs comme l’une des plus grandes cascades d’Europe, peut être la plus grande. Il y a en effet 450m de verticale d’un jet pour rejoindre la rivière de Bournillon. Cette rivière de Moulin-Marquis a une existence très brève puisque elle sort en résurgence, elle court sur 50 ou 80m sur une grande vire et puis saute les 450m pour rejoindre le Bournillon. C’est donc une rivière qui fait 150m horizontalement pour 500m de dénivelé c’est un ratio peu ordinaire.

D’après le blog de Sombardier : https://www.pascal-sombardier.com/2020/07/moulin-marquis-au-sec.html

Nous montons tranquillement vers le couloir des Echarasson. Il s’agit d’un sentier facile au début, très bien marqué et balisé avec parfois l’indication Saint Julien en rouge. Difficile de se perdre, le passage à l’air d’être devenu relativement fréquenté. Le sentier vient buter une fois ou 2 sur la falaise de Moulin-Marquis avant de se diriger vers une faille qui constitue le passage difficile.

L’échelle et le début des passages raides et câblés.

Écharasson signifie échelle car c’est un passage historique que les paysans ont équipé pour aller sur le plateau de Saint Julien. Un seul pas était difficile et ils y ont installé une échelle.

Dans la faille.

La faille est très raide mais elle permet une progression sans trop de difficultés ; les passages ont été systématiquement équipés de câbles en très bon état ce qui permet au grand public de faire ce sentier en sécurité. Après 650m de dénivelé nous arrivons à la grotte de la Balme le point haut de la randonnée et nous redescendons toujours par un très bon sentier à la résurgence de Moulin-Marquis.

La faille est souvent protégée par un câble.
La résurgence de Moulin-Marquis.

L’endroit est idyllique, plat et bien ombragé ; c’est là que nous profitons du casse croûte pour nous laisser évaporer car nous avons tous bien transpiré dans cette montée.

Casse croute avant la descente.
L’arbre sur lequel s’effectue le premier rappel.

À midi nous attaquons cette descente en rappel de la falaise de Moulin-Marquis. Il s’agit d’un enchaînement de grands rappels 40m à 50m en moyenne pour 450m de dénivelé. Ce n’est pas de la technique spéléo car les amarrages sont très mal situés avec des frottements importants sur quasiment tous les rappels. Il ne s’agit pas de canyonings car il n’y a pas d’eau mais surtout les amarrages sont mal placés et il y a trop de frottements, mais c’est ce qui s’en rapproche le plus. Nous avons donc décidé d’utiliser la technique canyon. Nous serons donc 2 Indi (mon fils) et moi pour encadrer et équiper cette descente avec la technique canyon qui consiste essentiellement à descendre sur corde simple et à utiliser la 2e corde pour débrayer la personne en cours de rappel. Débrayer signifie laissez filer un peu de corde doucement de façon à ce que les frottements ne soient pas au même endroit sur la corde. Il faudra, de plus, fréquemment glisser un sac sur les arêtes les plus vives pour éviter des usures de la corde. En corollaire on n’utilise pas les machars et pour un bon freinage on a rajouté 1 à 2 mousquetons de renvoi supplémentaire pour ceux qui sont avec des reverso. Nos grimpeurs, au début dubitatifs, sont intéressés et curieux de voir cette façon de gérer une descente, et seront finalement convaincus. Effectivement débrayer et mettre des sacs s’est avéré nécessaire car la descente s’effectue de vire en vire, ce qui est confortable pour les relais car on peut en général y rester à plusieurs sans difficultés, mais comme les vires ont souvent 1 à 2m de large cela implique nécessairement un angle vif dès le début du rappel et des frottements conséquents.

Les 2 premiers appels dans les arbres sont pendulaires et permettent d’admirer les cascades de tufs de la rivière.

Premier rappel.
On admire la cascade de tuf.
Le bas du premier rappel est une large vire dans les arbres, le long de la cascade.
Mais on devine que cela va se fâcher …

Nous cherchons le 3e rappel et c’est là que nous basculons dans la verticale de la falaise. David, en tête, dépasse le relais et s’arrête 15m trop bas, heureusement sur une bonne vire. Je descend en second et comprends l’erreur, je remonte la corde sur jumar et je trouve le bon relais 10m plus à droite. Heureusement David, en rampant sur sa vire, rejoint la verticale du rappel et entamera son 4 ème rappel 15m plus bas que nous !

Le 3ème rappel, on bascule dans la verticale … et David se perd …
La plupart des relais sont confortables, avec une vue imprenable …
Au départ d’un relais.
On ne s’en lasse pas.

Nous continuons la descente qui emprunte un système de vires relativement faciles mais le problème est surtout de bien enregistrer la hauteur des rappels pour ne pas rater le relais suivant. En effet les erreurs doivent être légions car on trouve des amarrages un peu partout dans la falaise. Nous aurons à rechercher une nouvelle fois le bon point de rappel, nous aurons une corde coincée dans des buis qu’il faudra arracher pour récupérer la corde, mais les rappels s’enchaînent sans trop de difficultés. Il nous faudra tout de même près de 5h pour venir à bout de cette falaise.

Contrairement à ce que je pensais il a fait très chaud, nous avons tous bien soif et le premier bar à Choranche nous permet de nous désaltérer.

Plus que 2 rappels et nous voilà en bas.

En résumé une sortie peu classique ; personnellement je m’attendais à un équipement plus technique et à des verticales plus impressionnantes. Les relais sont bien équipés par des gougeons de 10mm neufs mais souvent les cordelette de jonction des 2 spits sont en mauvais état. J’ai dû quasiment doubler ou remplacer toutes ces cordelettes par de la corde spéléo.

Les 6 participants : Indi, David, Fred, Hervé, Diégo et Moi.

Jacky

Malgré tout, une belle découverte dans un environnement spectaculaire, apprécié de tous.