La vire du Grand Veymont

Grenoble Amitié Nature - Club de montagne omnisports

La vire du Grand Veymont

Depuis que j’en avais vu la description par Sombardier, j’attendais avec impatience les bonnes conditions météo et la disparition de la neige pour me lancer dans cette course extraordinaire. J’ai choisi de faire la vire du Nord vers le Sud car c’est la façon la plus sûre, la vire étant montante dans ce sens là.

On quitte le sentier pour nous diriger vers le Grand Veymont.

Nous sommes donc 3 à partir pour cette belle aventure dans des conditions météo parfaites. Nous démarrons par le sentier du Pas de la Ville qui est la montée normale pour le grand Veymont. Nous quittons le sentier à la côte 1800m pour partir en diagonale dans des pentes d’herbe et de pierres jusqu’à rencontrer un pierrier assez raide. Nous remontons ce pierrier par son bord droit puis gauche entre gradins rocheux et pierrier. C’est bien raide mais sans difficulté.

On sort du Pierrier.

En haut du pierrier nous découvrons les vires herbeuses très inclinées qui donnent accès à la fameuse vire du Grand Veymont. Dans les descriptions de Sombardier cette partie herbeuse est considérée comme très délicate voir dangereuse si elle est humide. En ce qui nous concerne, les conditions sont idéales, la terre est restée un peu humide, l’herbe est sèche et la progression est facile.

La bande herbeuse qu’il faut traverser.
Bande herbeuse assez raide.
Nous prenons pied sur la vire. Il ne reste plus qu’à la suivre. L’itinéraire est évident : il n’y a pas le choix, sauf à faire demi-tour.

Au bout de cette rampe herbeuse nous prenons pied sur la fameuse vire. Elle est d’abord fortement montante mais ne présente pas de difficulté. Bien sûr nous sommes très haut dans la falaise et la chute est totalement exclue. La vire sinue entre piliers et couloirs ce qui donne une succession de montées descentes l’ensemble étant montant.

Fin de la partie herbeuse. On voit derrière nous quelle est très déversante.
Début de la vire.
C’est raide mais ça passe bien.
Heureux d’être là !

La trace est à peine visible et je suspecte que c’est l’œuvre des chamois beaucoup plus que celle des randonneurs. Nous circulons finalement assez facilement sur cette virée montante et descendante mais qui réserve toujours suffisamment d’espace pour se déplacer sans difficulté particulière. Malgré la concentration, le moral est au beau fixe, la vue est absolument incroyable avec des lointains très nets, l’ambiance est surréaliste. Ce n’est plus une falaise mais une barrière monstrueuse où nous nous sentons minuscules. Nous sommes émerveillés et nous nous arrêtons fréquemment pour faire des photos.

Certaines portions sont franchement débonnaires.
Une succession de montés et descentes parfois raides.
Le paysage et la visibilité sont extraordinaires.

Certains piliers forment des promontoires nous permettant de nous éloigner de la falaise pour avoir une vue d’ensemble impressionnante, mais on ne voit plus le début, on n’en voit pas la fin, nous sommes perdus dans cette immensité.

Certain promontoires sont impressionnants.
Au sommet du promontoires, de belles fleurs …
Repos au promontoire.
On repart.

La progression est sans difficulté majeure mais on se demande toujours si on va pouvoir continuer et nous sommes toujours étonnés de découvrir la suite de l’itinéraire. Surprise, un névé bouche un couloir et barre l’itinéraire. Re-surprise, il n’y a pas de trace ; il semble que nous soyons les premiers cette année à parcourir cet itinéraire. Heureusement, la neige est molle et il est facile de se faire des marches.

Surprise, il y a encore un névé.
Il n’y avait pas de trace, sommes nous les premiers ?
Heureusement la neige est molle.
Quelques passages un peu plus étroits.

Plus loin, nous avons la surprise de voir un bpuquetin sur notre vire. Un jeune semble-t-il qui nous regarde avec curiosité et qui s’éloigne. Peu après nous en voyons un deuxième ; nous nous rendons compte que sur cette vire ils sont acculés : devant il y a un passage qu’ils ne peuvent pas franchir et nous leur bloquons la retraite car la vire n’est pas très large. Après quelques hésitations les 2 bouquetins vont nous foncer dessus pour passer à l’extrême bord de la vire, à quelques mètres de nous.

Nous rencontrons des bouquetins, surpris de nous voir là.
Ils sont bloqués, il leur faudra revenir vers nous.
La vire se fait de plus en plus étroite …

Nous arrivons enfin au passage clef de la randonnée : deux longueurs de 30m où la vire disparaît presque complètement dans un rocher pourri et où il faut s’encorder. Heureusement il y a des plaquettes aux bons endroits, le passage est bien protégé. Quelques cordes fixes ont été tendues mais elles sont pourries. Nous sommes impressionnés par le côté extrêmement vertigineux du passage et amusés de voir combien il est facile de le traverser. Il n’y a pas vraiment de difficulté, c’est surtout le rocher pourri qui impose l’encordement. Une corde de 30m et trois dégaines sont suffisantes

On s’encorde …
Dans le passage clef … pas difficile mais pourri.
Le même passage vu dans l’autre sens.
Vertigineux tout de même.
Monique, tranquille …

Nous terminons cette vire par 3 ou 4 piliers et couloirs supplémentaires et nous débouchons sur le col de Veymont (entre le grand et le petit Veymont), une grande plaine verdoyante où quelques touristes se demandent d’où nous avons bien pu venir. Nous apprécions le casse-croûte en admirant le paysage et en commentant cette course tout à fait extraordinaire. De l’avis général, c’est bien moins difficile qu’il n’y paraît.

Les dernières vires avant le col du Veymont.
Casse-croute bien mérité.

La course normalement consiste à remonter au Grand Veymont et à redescendre par la voie normale du Pas de Ville mais je décide de descendre par l’arête Est du petit Veymont. Cette arrête, très raide, comporte un passage d’escalade qui est déconseillé à la descente mais que j’ai fait (à la montée) avec le Gan l’an dernier.

En chemin vers l’arête.
C’est raide par endroit, mais nous somme rodés, on ne s’en rend même plus compte. Derrière nous la face que nous venons de traverser.
Le Mont Aiguille accompagne notre descente.
L’arête vue du haut.
La vue reste spectaculaire.

Nous descendons donc cette arrête assez rapidement et nous nous encordons au-dessus du passage délicat. Après deux longueurs de désescalade, nous tirons un rappel de 25m. Il n’y aurait pas de difficulté si ce n’est un rocher pourri mais vraiment pourri ce qui, particulièrement à la descente, demande de grandes précautions. Je déconseille cette descente si on est plus de 2 ou 3 personnes ET si on ne la connaît pas. D ailleurs nous avons décroché un gros bloc lors du rappel.

Descente facile mais en rocher pourri.
Désescalade … a quoi peut t’on se tenir ?
On fini en rappel.
Derrière nous, le Mont Aiguille.
Un dernier coup d’œil au Grand Veymont. Il semble impossible que nous soyons passé là dedans …

La fin de la course est sans mystère, nous prenons le sentier qui nous ramène agréablement et à l’ombre jusqu’au parking.

Dénivelé environ 1000m difficile à connaître avec précision
Distance 11 km.

Les 3 de cette sortie : Brigitte Monique et moi.

En résumé il s’agit d’une course tout à fait extraordinaire, beaucoup moins difficile qu’elle ne le paraît, qui permet un long périple dans cette falaise monumentale du grand Veymont avec des vues magnifiques et des passages vertigineux quoique sans difficulté. De l’avis des 3 participants c’est l’une des plus belles randonnée du vertige que nous avons eu l’occasion de parcourir.

Jacky