Pic de la Belle Etoile (2718m), Belledonne

Une sortie prévue à l’origine le samedi 29 mars 2025, mais décalée au dimanche 30 mars afin de laisser passer une perturbation accompagnée de quelques précipitations. Avec les chutes de neige de la veille, on aurait pu s’attendre à une augmentation du risque au BERA, mais la bonne surprise est là avec un risque 2 qui ne remet pas en question l’objectif avant le départ, mais avec l’espoir d’une couche de neige fraîche. Le parcours prévu est par le versant nord en difficulté 3.3 E2, pour 1300m de dénivelé positif.
Nous voici donc 7 fiers Ganistes au bout du Pleynet pour le départ à 9h. Nous sommes dans les nuages, mais nous sentons que la limite haute du plafond nuageux n’est pas loin. Certains ont prévu les crampons pour la partie finale réputée pour être plus pentue et délicate. L’équipe est vite en place, mais votre dévoué encadrant est finalement le plus endormi puisqu’il se rend compte d’un oubli de ses lunettes de soleil au bout de 250m. Heureusement il n’est pas trop tard pour aller les chercher dans la voiture.
Nous empruntons le chemin vers le Chalet du Pra, et c’est en arrivant à proximité de ce dernier que le ciel se dégage et laisse s’imposer à nous, bien nets dans un air cristallin, les différents sommets des Vallons du Pra et de la Belle Etoile. A notre altitude nous ne trouvons encore qu’une faible épaisseur de neige nouvelle déjà en train de s’humidifier, mais les hauteurs se parent d’un blanc très engageant.


Après avoir traversé les ruisseaux du Pra et de la Masse, nous atteignons le pied nord du rocher de l’Evêque en vue de passer la brèche vers le vallon de la Belle Etoile. Ce sera le passage le plus délicat de la sortie. Entre les vernes, dans un couloir étroit et assez raide, une fine couche de neige fraîche fuit sous les peaux du ski pour ne laisser comme appui qu’une croûte gelée encore moins accrocheuse. On peut dire qu’il y a du dur et du mou sous la jupe de l’évêque ! Aux difficultés du groupe pour assurer ses pas, s’ajoutent les obstacles humains : un groupe devant nous encore plus en difficulté, et un derrière voulant forcer le passage. Progresser est une peine ! Et pour compléter le tableau, Barbara rencontre des difficultés avec sa fixation qui se décroche inopinément. Chacun sa technique : les uns essaient les couteaux, d’autres font certains pas à pied. Nous sommes si lents que les nuages nous rattrapent et nous recouvrent.

Nous passons enfin la difficulté, mais avec un grand sacrifice d’énergie. La progression qui suivra dans le vallon sera bien plus douce et reposante. Le soleil repointe, la fixation ne fait plus de caprice. Nous abordons le dernier tiers plus pentu dans une trace déjà bien empruntée, entourés d’une neige sucre en poudre, dans un paysage givré comme en très haute altitude. Nous nous rendons compte que l’opportunité n’a pas attiré que notre groupe.




Après de très nombreuses conversions, heureusement dans une trace convenable, le vent se lève, une casquette se perd, et nous parvenons à la pente finale de 35°. C’est à cet endroit que les crampons sont parfois nécessaires. Mais cette fois nous constatons la présence de marches bien marquées, ce qui n’est pas étonnant vue la petite file régulière qui nous précède au sommet. Nous dépeautons donc au pied de la pente, rangeons les skis sur les sacs, pour fournir les derniers efforts sur le raide escalier terminal.



Le vent souffle fort à la croix de la Belle Etoile, mais nous sommes tout à notre joie d’être parvenus au sommet de ce grand classique de Belledonne, avec une vue somptueuse. Un beau présent pour les 70 ans d’Alain ! Raisonnables devant le froid qui commence à se faire sentir, nous enchaînons tout de même rapidement notre transition vers la descente.

1er défi ludique, une corniche à franchir. Certains la sautent, d’autres la contournent.

Nous faisons enfin l’expérience de la neige toute fraîche, épaisse de bien 30-40cm à ces altitudes. C’est un vrai plaisir. Elle ne piège pas, ne colle pas, porte et les skis et le cœur. Un bon 6/5 sur l’échelle du GAN. Nous déjeuner un peu plus bas sur une croupe au soleil et sans vent, conscient des conditions exceptionnelles qui s’offrent à nous. Et en plus la casquette perdue se retrouve chez un skieur qui descend par là.


Nous poursuivons la descente toujours dans les mêmes conditions, chacun à son rythme. Je m’essaie à quelques sauts, mais la réception reste à travailler. C’est à l’évêque que nous retrouvons de la sévérité. Le neige s’alourdit et le passage dur à la montée est devenu crouteux à la descente. Nous devons nous frayer un passage entre les vernes, tout en déchaussant sur quelques mètres pour retraverser les ruisseaux.
Les dernières portions du retour au Pleynet s’effectuent sur un chemin souvent dégarni par le redoux qui nous oblige à déchausser de nouveau, mais c’est bien consenti devant ce que nous avons trouvé plus haut.
La conclusion unanime devant le verre de l’arrivée, c’est probablement la meilleure sortie de la saison, avec une journée idéale pour ce topo. La chance, le soleil et la neige nous auront souri !
Sur place votre animateur Nils O., accompagné de Alain D., Monique S., Barbara B., Damien C, Jérémie S. et Delphine B.P.J.