Le col du Fontenil depuis Pont d’Arsine

Grenoble Amitié Nature - Club de montagne omnisports

Le col du Fontenil depuis Pont d’Arsine

Le temps est au beau fixe pour ce samedi. Pierre nous propose donc une sortie qui, il nous l’assure, aura de la neige. Je ne peux qu’être sceptique personnellement vu le peu de neige qu’il y a en ce début d’année 2023. J’ai moi-même annulé la sortie facile de dimanche car je n’ai rien trouvé qui se ferait skis aux pieds, et aussi car la météo devrait tourner.

Dans le groupe, il y a un nouveau qui ne connait pas forcément Pierre. Mais moi, malgré mon scepticisme, j’ai confiance dans son expérience pour nous trouver une superbe sortie. Le départ à 7h30 de Comboire est un peu matinal pour la saison et mon état de forme mais c’est le prix à payer. Nous nous remplissons la voiture à son maximum pour réduire l’empreinte des 160 km A/R de trajet pour nous rendre au départ, au Pont d’Arsine.

Première bonne surprise, la piste de ski de fond qui va jusqu’au fond du vallon est en neige et nous pourrons donc chausser les skis à la voiture. Deuxième bonne surprise, le gîte « Le pas de l’âne » est ouvert et nous pourrons faire notre moment convivial post-course sans chercher ! D’autant que le propriétaire est sur le pas de sa porte, à faire la réclame pour ses bières locales et les crêpes de sa femme bretonne. L’information n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd !

Le départ est skis au pieds !

Une fois le test DVA obligatoire réalisé, nous nous élançons pour notre course du jour qui doit nous emmener au col du Fontenil. Elle débute par les deux kilomètres du fond de vallon qui se fait normalement par un chemin piéton, pour ne pas embêter les skieurs de fond, mais que nous ne voyons pas. Nous ne sommes pas le seul groupe à faire la même chose. Visiblement c’est habituel car une employée des pistes fait sa ronde pour faire de la prévention sur le sujet. Fait avec beaucoup de diplomatie et un grand sourire, cela passe naturellement bien.

Après quelques centaines de mètres, il me semble reconnaître l’endroit. Dix ans plus tôt et environ six ans avant que je ne me mette vraiment au ski de rando, j’avais fait un week-end avec un groupe de collègues lyonnais d’une de mes sœurs. A l’époque, je n’avais pas noté les informations et malgré mes efforts, je n’avais jamais retrouvé quelle avait été cette première course pour moi. Il me faudra confirmer tout ça mais c’est avec une pointe d’excitation que je débute la journée !

Le fond de combe est très froid et la neige très dure. Le propriétaire du gîte nous avait dit qu’en temps normaux, la température moyenne à cet endroit est de -18°C ! Il faut donc vite mettre ses couteaux dès l’attaque du pas « d’Anna Falque », ce qui est une première pour Damien. Christophe lui opte pour directement pour les crampons. Peut-être un bon choix car il va plus vite que nous, mais c’est biaisé par le fait que Damien doit découvrir cette pratique.

Le soleil nous accueille dès l’ouverture sur l’alpe

Le soleil nous accueille dès la sortie des Combes sur le plan de l’Alpe et nous permet de retirer couteaux et crampons. Des « avalanches de printemps » sont visibles en quantité sur la face la plus exposée au soleil et la terre est mise à nu. Cette vision est contre-balancée par la beauté du vallon, avec le refuge de l’Alpe de Villard-d’Arène niché en son cœur. La longue traversée en dévers du vallon est difficile pour les jambes. Et même si au premier virage, on est soulagé, j’ai l’impression que mes jambes ne savent plus avancer avec le dévers de ce côté…

Les avalanches de « printemps »
Contemplant la beauté

Certains passages sont encore gelés rendant la progression consommatrice de concentration. Lors d’un passage plus tendu, Pierre nous dis de mettre les couteaux et nous ne l’entendons pas. Nous passons presque tous, non sans difficultés, mais sans problèmes. Sauf pour Florence qui dès qu’un de ses skis perd son adhérence, se vois offrir une descente « luge à plat ventre » sur une grosse dizaine de mètres. La vitesse lente de la glissade et l’absence de rochers permettent de se passer de conséquences ennuyeuses.

La pente débouche sur le vallon de la Route, et son dédale serpentant entre les monticules de neige. Le lieux est magique.

Le deuxième vallon plat, dit de la route, et les deux couloirs classiques

Nous étions très peu dans le coin jusque là mais maintenant la foule s’intensifie. Heureusement, la majorité des skieurs semblent se diriger plutôt vers la gauche, sous le pic Ouest de Combeynot. Le vallon est très « roulant » et nous avançons donc à bon rythme maintenant. Un peu trop peut-être pour ce début de saison et certains d’entre nous dont moi commençons à tirer un peu la langue. Ajouté au fait qu’il fait très chaud et que nous sommes haut en altitude.

Si les jambes sont lourdes, la tête est légère et chavirante. Et pour éviter d’aller plus loin dans l’hypoglycémie, j’attaque une partie de mon pique-nique avant le couloir final. Florence préfère nous attendre là car elle est dans la même situation.

La température nous met à dure épreuve
La Route parcourue, du haut du couloir

Cette dernière bavante met tout le monde d’accord, et la montée est parsemée de petites pauses. Sauf peut-être pour un collant-pipette qui nous dépasse pleine bourre, alors que lui a déjà fait le couloir gauche comme les autres…

Arrivé au col, un vent glacial nous accueille et nous ne prenons pas nos aises trop longtemps pour le pique-nique. D’autant que Florence nous attend.

Le panorama du sommet

Si à la descente nous devons faire très attentions aux rochers qui ne demandent qu’à crever la mince couche de neige du couloir, les conditions printanières font que la neige est un régal. Mis à part quelques endroits où des plaques de croûtes se sont formées, la skiabilité est très bonne. Une fois Florence récupérée, nous passons par l’autre côté du vallon de la Route, le côté gauche, qui nous offre même plusieurs dizaines de mètres de poudreuse !

Beau programme
Les traces parlent d’elles-même

Le groupe est homogène et le niveau bon. La descente se fait prestement, sans soucis. Arrivé au passage du pas d’Anne Falque, nous retrouvons l’ombre et sa neige durcie. Ce goulet devient d’étranglement, et un gros bouchon de skieur ne tarde pas à se former. Le passage est vraiment très technique à négocier, avec des slaloms gelés pour éviter les rochers. Nous tirons notre épingle du jeu par rapport à d’autres groupes. Une dernière épreuve de pas de patineur nous attend pour les deux kilomètres légèrement descendant de la piste de fond.

Certaines portions de la descente sont austères

La journée a été vraiment exceptionnelle vis-à-vis des conditions catastrophiques des montagnes cette année. Et pour couronner le tout, la bière et les crêpes tant vantées sont de mises pour le moment de convivialité. Merci Pierre pour la préparation de la sortie et aux autres pour la bonne ambiance.

Martin.

  • Participants : Christophe, Damien, Florence, Martin, Pierre (animateur)
  • Environ 1300 m D+
  • Altitude max. 2970 m
  • 17 km
  • Vitesse max. 50 km/h 🙂
  • lien vers la trace GPX